Les contes et légendes du pays de l'Aven



Le château de Rustéphan LES FANTÔMES DU CHÂTEAU DE RUSTEPHAN
Le château de Rustéphan, près de Pont-Aven a été construit en 1480. La légende évoque le fantôme d'une jeune fille, morte le jour où son fiancé renonçant au mariage est devenu prêtre. Si le château a été habité pendant un siècle environ, le mystère demeure même s'il s'est transmis à plusieurs familles. Aujourd'hui, le site est interdit au public, jugé trop dangereux.
Certaines nuits de pleine lune, on peut les voir. Tous les habitants de Rustéphan, vous le diront : les fantômes de Geneviève et de Iannick hantent encore aujourd'hui le château.



LA FONTAINE DE PUISSANCE
Scaër dans le sud du Finistère, passe pour être la terre des hercules cornouaillais, les meilleurs lutteurs de Bretagne. le secret de leur force réside dans une fontaine considérée comme la plus ample, la plus limpide, la plus tonifiante des fontaines du pays: la fontaine Sainte-Candide.
"Plus le débit est considérable, plus la puissance de l'eau est vivifiante, disait un vieil homme à Anatole Le Braz. De mon temps, les gars qui ambitionnaient de devenir des hercules demeuraient des heures entières plongés dans le bassin jusqu'au cou. L'eau donnait à leurs membres la trempe du plus robuste et du plus souple acier. Ils en sortaient invincibles."

Le coq LA PIERRE DU COQ
A Pont-Aven, lorsqu'on entend le coq chanter durant la messe de minuit ou à Pâques, c'est qu'il incite les gens à se rendre à la pierre du coq.
Un riche avare ayant refusé l'aumône à Jésus déguisé en mendiant se retrouva pétrifié par la colère divine. L'homme est désormais un menhir qui passe pour se soulever pendant les messes de minuit et de Pâques, révélant un trésor enterré sous lui et qui ne demande alors qu'à être récupéré par un bon chrétien.



LE COQ DE KERANGOSQUER
Sous le menhir de Kerangosquer dans la région de Pont-Aven se trouve un trésor. C'est du moins ce que chante un coq à minuit à Noël et à Pâques. Ce trésor n'est accessible que pendant les douze coups de l'horloge. C'est le temps que met le menhir pour sortir de son emplacement et aller se rafraîchir à la rivière toute proche.

LES QUENOUILLES DE LA MESSE (Pays de Quimper).
Jusque vers 1870, dans plusieurs bourgs des environs de Concarneau et de Quimper le bedeau distribuait encore à l'issue de la grand'messe un certain nombre de quenouilles à des femmes de la paroisse.
Ces quenouilles devaient être filées pendant la semaine. Le dimanche suivant les femmes rapportaient leur fil à l'église et rendaient les quenouilles rechargées de chanvre pour que le prêtre puisse en profiter.
Des quenouilles de bénitier en somme.

Une sirène LA SIRÈNE
"Mon bateau sortait du port de Concarneau pour aller pêcher la sardine. Mes compagnons et moi, nous nagions avec nos avirons quand je sentis que le mien restait immobile. Etonné, je regardai le bout de mon aviron, et je vis une sirène qui y avait posé la main.
Je voulus m'efforcer de la saisir, mais elle siffla et s'enfonça dans l'eau."
(Raconté par un pêcheur concarnois en 1911.)




LE PONT DE ROSPORDEN
Il n'est dans toute la Cornouaille de pont aussi solide, encore moins d'aussi vieux que le pont de Rosporden. Ceux qui l'ont précédé à la même place ne lui ressemblaient guère. La plupart ne pouvaient résister à la moindre crue d'eaux. S'il en restait un debout plus de six mois, c'était miracle. Les anciens se doutèrent à la , longue qu'il devait y avoir là-dessous quelque sortilège. — « Je connais, fit l'un d'eux, une sorcière, qui pourrait nous renseigner sur ce point et sur bien d'autres en consultant ses livres. » — On décida qu'il irait la trouver le jour même, et il partit. — « Pourquoi, filleul, n'es-tu pas venu plus tôt me voir ? lui dit celle-ci, sans même lui laisser le temps d'ouvrir la bouche. Je sais ce qui t'amène et voici ma réponse : Si les gens de Rosporden veulent avoir un pont qui ne fasse plus la culbute, ils devront enterrer vivant dans les fondations un petit garçon de quatre ans. Tu m'entends bien?... de quatre ans. On placera l'enfant dans une futaille défoncée, tout nu, et il tiendra d'une main une chandelle bénite, de l'autre un morceau de pain. Retourne vite près de ceux qui t'envoient, et redis-leur, mot pour mot, ce que je viens de t'apprendre. » Grand bruit dans Rosporden le lendemain. Le difficile était de trouver une mère assez dénaturée pour vendre son enfant et le livrer à une mort si horrible. On y réussit cependant, en y mettant le prix. Une grande fête fut célébrée, et l'innocente créature fut murée comme il avait été ordonné. A partir, de ce moment, le pont s'éleva comme par enchantement. Depuis des centaines et des centaines d'années qu'il est achevé, il a résisté aux charges les plus lourdes et à toutes les inondations. Mais combien de fois, aussi, n'a-t-on pas entendu dans la nuit le pauvre enfant appeler sa mère! Aujourd'hui encore, maintes gens pourront vous dire sans mensonge que ses plaintes déchirantes ont plus d'une fois frappé leurs oreilles. Il pleure, le petit martyr, il se lamente, comme au premier jour, en répétant sans cesse: « Ma chandelle est morte, ma mère, Et de pain il ne me reste miette (1). » N'est-ce pas à fendre le coeur, et à attendrir les rochers eux-mêmes ? Dieu est juste : la mère sans entrailles ne tarda pas à recevoir le châtiment de son crime. Accablée de remords, elle perdit la raison quelques jours après avoir emporté le prix de son infâme marché. L. F. SAUVÉ. Mélusine 1888.