Les contes et légendes des montagnes noires



Un loup-garou LES LOUPS GAROUS DES MONTAGNES NOIRES
Dans les montagnes noires, au commencement et à la fin de leur course, les loups-garous devaient se plonger dans une fontaine pour se transformer puis redevenir humain.

LES ARMÉES MORTES.
Selon la légende, des événements bien étranges se dérouleraient la nuit autour de Chateauneuf-du-Faou.
Les armées du Roi Arthur parcourraient les Montagnes Noires environnantes de cette ville du Finistère. Aux premières lueurs du jour, des milliers de soldats fantômes, rangés en bataille, chemineraient pour défendre le souverain anglais.
Si vous voyez, par une nuit noire, les armées fabuleuses du roi Arthur cheminer sur la crête des montagnes toutes proches, c'est qu'une guerre se prépare ..! De nombreux témoins les auraient vus en 1914 et 1939. Le problème c'est qu'elles auraient aussi été vues dernièrement.

LE ROCHER DU PIED DU DIABLE DE SPEZET
En cette commune de Cornouaille se trouve sur un rocher au sommet des montagnes noires l'empreinte du diable qui prit là son élan pour échapper à la Sainte Vierge. Lui ayant cherché querelle pour empêcher la construction d'une chapelle devant lui être consacrée, Satan fut surpris de la virulence de la mère de Jésus qui le poursuivit avec un bâton pour le rosser.

CHAPELLE NOTRE DAME DE KRANN A SPEZET
L'ancien mot celtique « krann », qui a donné son nom à la chapelle, signifie bois, ou broussailles. Avec les nombreux « coat » du pays, ce terme témoigne de l'existence d'une vaste forêt sur les versants des Montagnes Noires, aux premiers siècles de notre ère. C'est aussi l'appellation de la hauteur qui surplombe le sanctuaire, le « Krann-Uhel » ou bois d'en haut, sur laquelle se dressait autrefois une enceinte fortifiée.

Selon la tradition, la première chapelle fut bâtie en ces lieux au XIIe siècle, par le seigneur du Cranhuel. Ce dernier, à son retour de croisade, fut atteint de la peste. Il aurait alors fait le voeu, s'il guérissait, de bâtir un lieu de culte à Notre-Dame. Mais pourquoi ce compagnon de Saint-Louis a-t-il choisi cet endroit pour construire cette petite église ? Il faut savoir qu'en Bretatgne, chaque chapelle a pour origine une légende. Et ici, le récit veut que la vierge elle-même ait demandé un sanctuaire à cet endroit. Mais puisqu'une légende peut en cacher une autre, dans ce fond de vallée ou plusieurs sources rejoignent le ruisseau du Krann, les anciens craignaient de rencontrer une mystérieuse dame blanche. Cette dernière, décrite à la manière des divinités mythologiques celtiques, apparaissait dans la lueur du petit matin, flottant sur l'eau. La présence au bord du ruisseau, un peu plus au nord, d'une sépulture mégalithique devait accroître la peur qu'inspiraient les lieux. Toujours est-il que la dame blanche fût identifiée à la vierge, et que l'humble oratoire devint un lieu de pèlerinage fréquenté. En effet, le seigneur breton l'avait doté de plusieurs trésors rapportés de Palestine. À savoir, des reliques attribuées entre autre à la vierge elle-même.

La santirineLA SANTIRINE
Il existait un monstre dans les montagnes noires : la santirine, un satyre féminin que l’on retrouve dans la légende recueillie par FM Luzel :
Le capitaine Lixur et la santirine.
Un vieux gentilhomme breton vivait tranquillement dans son château, avec ses trois filles. Sa femme était morte et il n’avait pas de fils. Voilà qu’une lettre lui arrive tout à coup de la part de son roi, qui lui dit d’envoyer son fils ainé pour le servir, ou de venir lui-même, s’il n’a pas de fils en état de porter les armes. La plus jeune de ses trois filles s’habille en homme, monte à cheval et se rend à la cour, où elle se présente comme le fils ainé du vieux seigneur. Le roi, charmé de sa bonne mine, la nomme capitaine tout de suite et lui donne une compagnie. On l’appelle le capitaine Lixur.
La reine le remarque à une revue, et demande au roi de le lui donner pour page. Le roi y consent, et, à partir de ce moment, le beau capitaine Lixur dut suivre partout la reine. Celle-ci était amoureuse de son page ; mais à toutes ses œillades, à toutes ses avances, le page restait insensible, si bien qu’elle en fut profondément blessée et jura de se venger de l’indifférence qu’il lui témoignait. Elle l’envoya d’abord pour tuer un sanglier, un animal très-redoutable, qui était dans un bois voisin. Une vieille femme, une fée, vint en aide au capitaine Lixur, lui enseigna comment il devait s’y prendre pour combattre le sanglier, et il en vint facilement à bout. La reine l’envoya alors pour s’emparer d’une licorne, animal plus terrible encore et qui transperçait neuf troncs de chênes de rang avec sa corne unique. Mais, grâce au secours de la fée, il prit aussi la licorne et lui coupa sa corne. Il reçut l’ordre alors de prendre la Santirine, un satyre femelle aux dents longues et tranchantes comme des couteaux, puis de l’amener captive à la cour, sous peine de mort. La Santirine habitait une caverne, dans un bois, et son haleine et son regard donnaient la mort, à une grande distance. La fée vint encore à son secours et il prit la Santirine, lui passa une corde au cou et l’amena à la cour, douce comme un agneau, au grand étonnement de tout le monde. Chemin faisant, ils rencontrèrent le convoi d’un enfant qu’on portait en terre. Tout le monde pleurait, à l’exception du bedeau, qui chantait devant le cercueil. La Santirine se mit à rire. Plus loin, ils passèrent dans un village où l’on était occupé à pendre un brigand, et tous les assistants étaient contents et joyeux d’être délivrés d’un homme si redoutable. La Santirine se mit à pleurer. Plus loin encore, en passant au bord de la mer, ils virent un navire en perdition. Tout le monde, sur le rivage, était dans la désolation. La Santirine riait. Enfin, quand ils entrèrent dans la cour du palais du roi, tout le monde était aux fenêtres, pour les voir. La Santirine leva la tête, et, apercevant la reine à un balcon, avec deux suivantes, elle rit encore.
La Santirine ne pouvait être prise et domptée que par une jeune fille, et elle disait la vérité à chacun. Le roi et la reine voulurent l’entendre, parler et dire des vérités. Le capitaine Lixur l’amena au milieu de la cour du palais. Le roi était à un balcon avec ses ministres et ses généraux ; la reine et ses deux suivantes favorites étaient à un autre balcon, et les valets et autres domestiques étaient en bas, dans la cour. Le capitaine Lixur commença d’interroger la Santirine et lui demanda d’abord pourquoi elle avait ri lorsque, en venant à la cour, ils rencontrèrent le convoi d’un enfant que l’on portait en terre, et où tout le monde était triste et pleurait. « Je n’ai pu m’empêcher de rire, répondit-elle, en voyant le vrai père, le bedeau, qui chantait devant, et celui qui n’était pour rien dans la naissance de l’enfant, et qui s’en croyait le père, qui pleurait par derrière ! » Tout le monde rit à cette réponse.
Le capitaine Lixur reprit : « Et un peu plus loin, dans le village où l’on pendait un brigand quand nous passâmes, pourquoi vous êtes-vous mise à pleurer, tandis que tout le monde était content et joyeux ? » La Santirine répondit : « Parce que ce brigand mourait en état de péché mortel, et que je voyais sur la potence un démon qui guettait son âme, pour l’emporter dans l’enfer.
— Et en voyant un navire en perdition, pourquoi avez-vous ri, pendant que tout le monde pleurait ? demanda encore le capitaine Lixur.
— Parce que, répondit la Santirine, tous ceux qui étaient sur ce navire mouraient en état de grâce, et que je voyais au-dessus de chacun d’eux un ange qui lui tendait les bras, pour l’emmener en paradis. »
Le roi prit alors la parole et, s’adressant à la Santirine : « Et pourquoi avez-vous ri aussi, Sandrine, en regardant la reine à son balcon, quand vous êtes entrée dans la cour du palais ? »
Et la Santirine répondit : « Je dirai la vérité jusqu’au bout, tant pis pour ceux qui s’en fâcheront. Si j’ai ri, sire, en voyant la reine a son balcon, c’est parce que vous croyez tous que ces deux suivantes qui ne la quittent jamais sont des femmes, et moi je sais que ce sont des hommes ! » Et voilà tout le monde étonné, le roi furieux, et la reine et ses suivantes toutes troublées. La Santirine reprit : « J’ai encore une vérité à vous dire : c’est que vous croyez tous que le capitaine Lixur, qui m’a prise et amenée ici, est un homme, et moi je vous assure que c’est une jeune fille !
— Tout cela sera vérifié sur-le-champ ! » s’écria le roi.
Et l’on fit venir des médecins, qui visitèrent d’abord les deux suivantes de la reine, et, comme c’étaient des hommes, ils furent trouvés hommes ; puis ils visitèrent le capitaine Lixur, et, comme c’était une fille, elle fut aussi trouvée fille.
Alors le roi, furieux, fit chauffer un four, et on y jeta la reine et ses deux amants. Puis il épousa le capitaine Lixur.

Un chien noirLA CHATELAINE DE TREVAREZ
La baronne Bonté, châtelaine de Trévarez, s’étant montrée particulièrement dure avec ses paysans, fut punie par le ciel et revint hanter son château après sa mort, y menant tel fracas que la vie y devint impossible.
Le recteur de Laz, après plusieurs essais, parvint à enfermer l’âme défunte dans un chien noir et l’y bloquer en lui lançant son étole autour du cou.
Il chargea alors son bedeau d’emmener le chien dans les bois autour du château :
« Arrivé dans l’endroit le plus reculé, tu traceras un cercle avec cette baguette. Tu y feras entrer la bête et tu lui appliqueras trois coups. ».
Le bedeau fit ce qu’on lui demandait. Après le troisième coup, la terre trembla et s’ouvrit au milieu de hurlements et d’éclairs accueillant le chien noir où l’âme maudite était enfermée.
D’après « Légendes de l’Argoat » de B. de Parades.

LES 3 VIERGES DE L’AULNE
La vallée de l’Aulne possède trois sanctuaires dédiés à la Vierge Marie qui sont connus et fréquentés. Ce sont ND de Cléden-Poher, ND de Crann en Spézet et ND des portes à Châteauneuf-du-Faou.
Certains paysans affirmaient avoir vu ND de Cléden-Poher venir rendre visite à ND de Crann dans le grand pré qui longe cette dernière. Les deux portaient de très longues robes blanches et flottantes comme un brouillard du soir. Et leur marche était si douce et souple qu’elles survolaient le foin sur pieds sans y porter le moindre dommage.
Quant à ND des portes, on la voyait autrefois errer dans le bois qui entoure sa chapelle, vêtue d’une robe en soie blanche toute irradiante de lumière. Le frottement de sa robe en soie se faisait entendre loin dans la campagne. Son apparition signifiait la venue des beaux jours et de belles récoltes pour toute la région.
D’après « Légendes de l’Argoat » de B. de Parades.

DISPARITION DU BLE
Dans tout le canton de Chateauneuf du Faou, on assurait qu'à certaines heures de la journée, on voyait parfois les tas de blé diminuer dans les greniers. Un tourbillon (cratère) se formait en son centre, exactement comme si le plancher avait un trou, et les grains disparaissaient mystérieusement.